Se tester avant de s’installer
Dans les Cévennes, Maureen, Bastien et Pierre s’essaient au collectif avant de reprendre une ferme ovine au début de 2024.
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Maureen, Bastien et Pierre se connaissent depuis trois ans. « Après des années de salariat agricole, nous avons eu l’envie de nous ancrer quelque part en collectif et d’être nos propres patrons, racontent-ils. Le collectif était même une condition sine qua non pour nous installer. » À l’automne 2022, ils font la rencontre de Jean-Marc et Laurie, à la recherche de repreneurs pour leur ferme ovine située à Saint-André-de-Valborgne, dans les Cévennes.
Développer le projet
« Une ferme isolée avec un troupeau laitier, plusieurs ateliers et des maisons d’habitation sur place, cela avait tout pour nous plaire, explique Maureen. Les choses ont été faciles avec Laurie et Jean-Marc car ils sont aussi hors-cadre. C’était une volonté de leur part de transmettre leur exploitation à un collectif. »
Après deux semaines de réflexion, le collectif entame un Cefi (contrat emploi formation installation) sur l’exploitation. « Ce dispositif régional permet de se tester tous les trois sur un point de vue professionnel et entrepreneurial », résume Bastien. Pendant un an et jusqu’au départ à la retraite des cédants, les trois futurs associés peuvent ainsi se tester sur leur future exploitation.
Ce dispositif laisse aux futurs partenaires la possibilité de développer leurs propres projets : opter pour une race plus rustique, augmenter la taille du cheptel et maximiser le pâturage. Une stratégie de réduction des charges « atypique », selon Pierre, mais qui permettra aux trois associés de se dégager chacun le même revenu et d’entrer dans le parcours à l’installation aidée. « Nous n’avons pas envie d’être anti-système, continue Pierre. Nous avons choisi de nous installer en Gaec. »
Accompagnement humain
En parallèle, l’Adear (1) du Gard propose au groupe un appui technique sur la prise de décision et l’organisation du travail, un accompagnement qui prend la forme de rencontres mensuelles, parfois en présence des cédants. C’est l’occasion d’identifier les pics de travail, mais aussi d’établir les règles de fonctionnement du futur collectif : un espace commun et neutre pour les réunions, le même nombre de congés et le même salaire pour tous.
« Nous avons prévu de tourner sur les ateliers pour avoir chacun un jour de repos dans la semaine. Ce n’est pas possible de se rendre indispensable », souligne Bastien. Cet accompagnement, le collectif souhaite le voir continuer après l’installation. « On a besoin de temps de discussion, justifie Maureen. C’est le jeu d’être à trois et de ne pas être de la même famille. »
« Nous ne sommes pas surhumains, poursuit Pierre. Être agriculteur signifie gérer une entreprise, un troupeau, les relations humaines… mais aussi l’argent qui peut être source de problèmes car cela touche à l’intime. On s’apprécie, on a envie que ce soit une chouette aventure. »
(1) Association pour le développement de l’emploi agricole et rural.
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